Curieuse...

Une voix se fait entendre, d'un ton calme et posé.
- Alors... On est perdue?
Hozz se tient derrière la marquise, les mains dans les poches de son long manteau, les mèches de ses cheveux couvrant partiellement son visage. Un quatrième loup se tient à ses côtés, plus imposant que ses frères.
- Vous n'avez pas peur de salir votre toilette en un pareil endroit?

La Marquise virevolte sans laisser aucunement entrevoir son visage. Une légère brise accompagne le mouvement empêchant ainsi que les voiles de sa robe ne touchent terre. Elle toise à présent son interlocuteur, et son regard est éclairé par un sourire malicieux.

Perdue ? A vous de me le dire ... Des rumeurs courrent sur un nouveau royaume... et comme je ne me fis qu'à ce que je voie...

L' éventail s'agite lentement.

Ma tenue ? Est-ce une proposition déguisée pour m'inviter en un lieu plus approprié ?

Hozz s'assit sur un arbre mort couché à proximité.

-Vous êtes sur les terres de la Meute... Vous pourriez déjà commencer par vous présenter il me semble.

Oui... J'en oublie toutes les convenances... Vous avez raison, Messire ...
Je suis la Marquise de Cylanie... tend délicatement sa main libre vers l'interlocuteur, un sourire aux lèvres.
Messire...?
Ces terres semblent bien désolées... ce n'est pas pour me déplaire... bien que ma toilette se s'y prète guère... Remarquez, sur le champ de bataille, non plus.... Enfin... je ne suis pas là pour parler chiffons...
L'éclat des yeux indique toujours le même sourire.
Vous faîtes donc parti de la Meute... Mais qu'est-ce ? Un nouvel Ordre ? Une Confrérie ?

Hozz regarde la main tandue mais ne réagit pas, toujours assis sur le tronc sec.
- On m'apelle Hozz... Ces terres ne sont pas désolées, c'est une simple forêt, mais c'est la seule terre que nous ayons à disposition... Quand à la Meute, disons que c'est en quelques sorte un accord de principes... Quelques seigneurs se rencontrent, se trouvent des aspirations communes, se rendent compte que leurs passés ne sont pas si différents... Et finalement ils se prètent main-forte, combattent côte à côte... Et ainsi la Meute voit le jour.
Caressant un loup venu s'assoir à sa hauteur:
- Vous venez au nom d'un ordre? Ou par simple curiosité?

La Marquise laisse errer sa main quelques secondes dans le vide, puis la reprend en esquissant un geste pour appuyer ses mots.

Je suis curieuse et je représente mon Monde...la Cylanie.
Quels sont vos principes ? Ou vos aspirations ?

Tandis qu'il prononce ces mots, le visage de Hozz se rafermit :

- Nous n'avons que faire des principes, nous sommes liés, et celà suffit à ce que nous soyons loyaux les uns envers les autres. Nous ne combattons que pour nous même, nos intérêts...

Levant de nouveau les yeux sur la marquise :

- Nous ne sommes pas des mercenaires. Nous ne prenons pas tous les armes pour les mêmes raisons, nous n'avons pas tous les mêmes buts, mais nos chemins se cottoient... Nous faisons donc route ensemble. Nous ne tenons ce nom de Meute que grâce aux bandes de loups qui nous accompagnent délibéremment et combattent et vivent avec nous.

Se levant de son siège improvisé :

- Que dire de plus... On ne vous a jamais dit que la curiosité était un vilain défaut?

Pour la première fois, un mince sourire se dessine sur le visage du lycante.

La Marquise l'observe attentivement les yeux grands ouverts.
Puis, de légères ridules au coin des yeux marquent un sourire radieux.

Oh si ! Probablement plus d'une fois... Mais je crains qu'il y ait fort longtemps... Par contre, l'on m'a dit récemment que seules les réponses étaient indiscrètes... donc...
vous pourriez me dire par exemple, comment ces loups sauvages en sont arrivés à vivre avec vous... ou bien... -dans un souffle - ... quels sont vos intérêts personnels... appuie du regard ces derniers mots.

-Concernant les loups... cela s'est fait tout seul... Lorsque ma famille m'a chassé et laissé uniquement ces terres pour survivre, j'ai pu, de par ma nature lycante, cotoyer les loups présents dans la région, ils m'ont acceptés parmis eux... Quand la Meute s'est formée, ils sont restés avec moi, ont appris à connaitre mes nouveaux compagnons, et d'autres meutes des evirons nous ont rejoinds. Et pour ce qui est de mes intérêts, ils sont pour la plupart personnels, comme vous l'avez vous-même dit. je concède juste que j'attends de pouvoir me venger du rejet de ma famille qui n'a pas voulut m'accepter tel que je suis. Je veux prendre le royaume de celui qui fut mon père et offrir à ceux qui m'ont rejoinds de vraies terres... Pour le reste...

Se taisant, Hozz adresse un regard aux autres loups, accompagné d'un nouveau sourire.

Les yeux de la Marquise reflètent un amusement cependant le ton reste doux.
Comme c'est poignant...

La Dame fait quelques pas, désinvolte, l'éventail balayant les petites mèches tombées de sa coiffe.
Ainsi la vengeance vous anime... Comme beaucoup de seigneurs de ce Monde, il me semble...

Souriant, elle pivote vers Hozz et regarde dans les yeux, de sa petite physionomie le grand homme.
Qui était votre père ?

- Un petit bougeois qui se prend pour un roi parce-qu'il possède nombre de terres... Mais il n'en est rien. Et je n'ai pas à vous révéler ce genre de renseignements. Tout ce que vous avez à savoir c'est que cet homme n'est plus mon père.

Les rondes paupières de la Dame se baissent devant l'expression ferme de Hozz ; puis elle érige deux yeux candides vers les pupilles d'or de son interlocuteur.

Depuis quand êtes-vous lycante ? Etait-ce un choix ?
Toutefois... je conçois tout à fait que cet épisode de votre vie soit trop douloureux pour en parler...

- Le temps referme toutes les plaies.

Après un silence :

- J'ai toujours été lycante... Sorte de malédiction, d'erreur de la nature plutôt... Cela ne se fait voir qu'à l'adolescence, avec les premières transformations...

- Durant de trop longues années, j'ai du cacher ma véritable nature, même aux yeux de ma propre mère... Mais j'ai été découvert à mes 25 ans, et chassé avec pour seul bagage cette forêt oû nous nous sommes installés et quelques hommes qui me sont restés fidèles.

Après un nouveau silence, Hozz lève ses yeux sur la Marquise.

- Je n'ai rien de plus à conter sur mon histoire...Et la votre? Quelle est-elle?

Marchons, voulez-vous...
La Dame avance silencieusement de quelques pas... Et reprend un petit sourire aux lèvres...
Mon histoire ? Mon passé d'humaine est révolu depuis longtemps... Je m'en suis rapidement accomodé ; remarquez... le temps est relatif, n'est- ce pas ?
J'ai, depuis peu, ouvert un acces à mon Monde qu'est la Cylanie, et cela en ma Résidence...
Je vous propose de nous y rendre... ainsi...nous pourrions discuter plus posément du sujet de votre choix... et je pourrai m'assoir...
Par contre, je n'ai pas de forêt, cela vous conviendra-t-il ?
Souriant toujours, la Marquise termine cette phrase sur une nuance de pudeur...

Marchant aux côtés de la marquise :

- Tout est relatif... Je ne peux me rendre en votre endroit, on a besoin de moi ici... Si poser votre séant se fait si urgent, il y a là nombre de souches aptes à l'acceuillir. Si en revanche vous cherchez à avoir une conversation loin d'éventuelles oreilles indiscrètes, je peux facilement arranger cela, et là où je vous emmennerais, les sièges ne manquent pas non plus.

Le ton employé par Hozz n'était en aucun cas désobligeant, il avait prononcé ces mots avec la sûreté de ce qui se se savent tout permis... Ou du moins qui se le permettent. Il affichait même un petit sourire accompagné d'un regard taquin.

Hum... Je comprends... Je ferai donc pousser quelques arbres pour la fois où vous consentiriez à me visiter en ma Résidence...
Des souches ? Le rire déployé a résonnance de cristal.
Pour le moment, je me vois contrainte de vous suivre...
Les yeux sont rieurs et le ton faussement dépité.

- En ce cas, laissez moi vous montrer le chemin menant à l'abaye.

Hozz accompagna ces mots d'un sourire qu'il voulait engageant.